Colette Fellous est écrivain (elle a publié entre autres Avenue de France, Aujourd’hui et Plein été chez Gallimard), productrice à France Culture et éditrice au Mercure de France.
En évoquant son enfance à Tunis, l’auteure raconte la jeunesse égyptienne de Dalida. Elle retrace la vie de l’artiste et y mêle des souvenirs de sa propre mère, grande admiratrice de la chanteuse avec qui elle vécut des heures complices de gaieté et de découragement, de danses improvisées et d’airs fredonnés. Un très beau roman, qui, loin d'être une simple biographie, est à la fois un hommage à l'Artiste et à la Femme, et qui parvient à montrer toute la joie et le réconfort que pouvait - et peut toujours - apporter Dalida à travers ses chansons.
« La voix de Dalida est dans ma chambre, elle se pose maintenant sur mes cahiers, sur mon lit, sur l’ordinateur. L’odeur de ses robes, la main qu’elle passe devant ses yeux, ses hanches, ses jeux de cheveux, son rire. "Mais n’oublie pas que ce sera toi qui me conduiras ce soir chez moi, ga-arde bien la dernière danse pour moi..."
On ne peut pas prétendre raconter sa vie, ni chercher à l’expliquer, tout est tellement plus vaste et plus secret qu’un simple récit, on avance presque toujours en somnambule, les yeux grand ouverts, on croit à chaque fois résoudre des rébus, éclaircir des zones d’ombre ou retrouver de vrais élans de bonheur et voilà que tout est déjà fini. On a tourné la tête un peu trop vite, on ne s’est aperçu de rien : en une brassée de secondes le monde s’est éloigné. Vie chansonnette. »
L'un des thèmes récurrents dans le roman de Colette Fellous est celui de la voix de Dalida, cette voix à la fois forte et fragile, sensuelle, qui mêle joie et profonde tristesse. L'auteure décrit d'une façon remarquable ce rapport entre sa voix et son tourment en écrivant :
« Seule sa voix était une intime de ce tourment et savait en garder l’empreinte ; elle n’était, au fond, que la servante de sa voix. Elle se voulait reine ; à un moment, elle ne s’est plus sentie que servante, épuisée de servir et navrée de s’en rendre compte. Elle aimait jouer et elle ne voulait pas perdre. La seule façon de ne pas perdre, disait-elle en riant, c’est de ne plus jouer. Et elle l’a fait. »