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Pour les 20 ans de la disparition de l’artiste, Universal a publié dans le livret qui accompagne le coffret des "101 Plus Belles Chansons",  ce magnifique témoignage que Jean-Claude Genel lui a consacré, inspiré de son ouvrage "Ce Que La Mort M'A Confié". Un clin d’œil de l’au-delà, sans doute…

“Avant, mes amis, vous veniez jusqu’à moi et maintenant, simplement, c’est moi qui peux venir vers vous et vous ne le savez pas ! Je vous aime et vous remercie.”

~ Dalida ~ 

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Quel que soit le personnage célèbre qui vit dans notre mémoire, nous devons nous rappeler que sa renommée n’a d’existence que sur ce plan physique. La célébrité se révèle parce qu’une "rencontre" devient possible, qu’une correspondance subtile entre les êtres humains et un idéal (ou un rêve jusque-là ignoré) commence d’exister.

Le talent et la place privilégiée que la société octroie à l’individu en particulier font le reste. Dans le domaine artistique, la « star » est avant tout une image à laquelle on peut s’identifier, une part de rêve qui devient chair, un peu de ciel qui devient visible, accessible.

Star signifie étoile en anglais. Et c’est le propre de l’étoile de briller, d’indiquer un chemin. Pour mon propos, je dirai que le chemin mis en lumière par une célébrité est celui de l’imaginaire que chacun peut parcourir librement et sans déranger les autres dès l’instant qu’il est intérieur. C’est par son formidable pouvoir d’attraction quasi magique que la star aide des milliers de gens à dépasser leurs limites. L’admiration, la vénération et l’amour nous connectent à celle qui sert d’exemple. En retour, nous sommes profondément touchés par sa manière d’être au monde qui éveille en nous des sentiments profonds, des émotions reconnues, nous révèle une force insoupçonnée. Parfois, notre volonté de vivre en est directement stimulée, notre foi renouvelée.


L’étoile continue de scintiller

 

Lorsque la mort arrive, curieusement l’étoile continue de scintiller, le rêve continue d’exister. Ce qu’il advient de l’âme venue donner la lumière à cette étoile n’est pas ici mon propos ; peut-être rejoint-elle enfin la source de son propre rayonnement ? Mais au-delà de la mort, son destin de star se prolonge dans la mémoire collective. La lumière qui a percé notre sommeil reste le témoin d’une histoire à laquelle nous avons participé, un souvenir qui nous fait du bien à travers des chansons, des scènes de films, des histoires d’amour, bref tout ce qui a touché notre intimité. Désormais, ce n’est plus une âme qui habite une destinée, mais des milliers d’âmes qui sont en marche vers une réalisation.

Alors que France 2 vient de rendre hommage à Dalida, je m’interroge : comment cette femme a-t-elle réellement vécu son destin ? Quelle signification a-t-elle donnée aux drames qui ont jalonné sa vie ? Qu’est-ce qui nous a touché en elle ? Son destin était-il réellement de vivre autant de tragédies ?


Dalida ou l’art d’être au monde

 

En incarnant la féminité, la beauté et la droiture, Dalida est venue aimer. Par une grâce innée, une élégance rare, le charme d’une grande âme, elle fut le rêve de beaucoup d’hommes aussi. Cela s’appelle l’art d’être au monde et c’est parce qu’elle était une artiste qu’elle a pu animer un peu de rêve pour le plus grand nombre tout en assumant sa propre incarnation. Et ce chemin, quel était-il ? De flirter avec le public d’une part et avec la mort d’autre part ? Je le crois. D’après les nombreux témoignages, il y avait aussi ces formidables moments de joie… qui ne duraient jamais ; comme si la vie ne pouvait ou ne devait pas lui rendre ce qu’elle lui avait donné. Dalida est venue recevoir l’amour du public mais pas l’amour d’un être en particulier. Ce fut sa vraie blessure, son mal car, même avoir un enfant ne lui a pas été possible. Cela a pesé lourd dans sa décision de “ partir ”. Elle a compris et mal supporté que pendant que Dalida canaliserait l’amour fantasmatique des masses, il n’y aurait pas un seul être pour aimer Yolanda pour ce qu’elle était, elle.


La faille intérieure…

 

Dans ses colères légendaires, qui a capté la faille intérieure, l’étincelle d’amour dans ses yeux ? Personne. Si beaucoup se sont approprié le personnage, trop peu lui ont donné ce qu’elle demandait. Pendant ce temps, le rayonnement de Dalida nourrissait un rêve qui demeure intact vingt-trois ans après. En effet, dans toute trajectoire célèbre, il y a cette éternelle dualité qu’une âme vient vivre dans le secret, en silence : vivre la destinée obscure du quotidien qui est le lot de tous et rendre visible et vivant un lien d’amour entre les êtres et en assumer l’enfantement. Est-elle morte de n’avoir pas su l’assumer ? Sa rencontre avec la spiritualité de l’Inde ne lui a pas permis de percer ce secret de l’âme – celui de son “ karma ”. Personne n’a su lui expliquer qu’elle était incarnée pour briller pour tout le monde et non pour elle-même.


A la recherche d’elle-même

 

L’exotisme trompeur de l’Orient sacré ne pouvait que décevoir une âme à la sensibilité occidentale, toute de sentiments. Dalida était fragile de ses états d’âme qu’elle ne saisissait pas. Et même s’ils émerveillaient parfois les autres, ils l’envahissaient sans que personne ne puisse l’en délivrer. Elle avait besoin de sentiments forts et authentiques, de vivre en tant que femme et pas seulement comme une star qu’elle voulut être. Plusieurs amours à travers plusieurs êtres et des amours d’un instant ne pouvaient lui apporter la seule explication qu’elle a fini par trouver en abandonnant la meilleure part d’elle-même à son public. À travers l’espoir d’une quête en Orient, ses sentiments et sa pureté intérieure ne furent pas respectés. Néanmoins elle a voulu croire à tout le monde et s’est accrochée à tout le monde… pour ne pas vivre seule. Beaucoup ont connu Dalida et peu ont ressenti Yolanda. L’être humain a cette extrême facilité de tout réduire à ce que sa seule compréhension peut embrasser. Les deux destins – celui de la femme et celui de la star – ont subi la même injustice des hommes : celle d’être réduits à une seule et même image pour plus de confort commercial, intellectuel et sentimental. On a exigé d’elle qu’elle incarne en permanence cette “ lumière ” de star – depuis ces multiples personnages à la scène jusque dans sa propre intimité.


Elle découvre la réalité de l’autre côté

 

Dalida c’était avant tout une magie. La scène était l’athanor où toutes les qualités de Yolanda se transmutaient en un souffle qui donnait vie à Dalida. Alors s’animaient le corps, la voix, le regard et le geste. Alors devenait visible et tangible le rayonnement d’une âme. Quoi de plus naturel que les passions amoureuses se soient déchaînées dans le public, mais uniquement pour ce que Dalida représentait. Cela tient de l’amour mystique, et Yolanda dans sa finesse, le ressentait sans pouvoir l’assumer. N’avait-elle pas elle aussi le désir de rencontrer son idéal, de vivre l’union parfaite de Yolanda avec Dalida ? Elle savait que de cette union jailliraient un équilibre et une énergie qui lui feraient rencontrer l’homme de sa vie. C’est ce qu’elle n’a pas réussi ici-bas.

C’est ainsi que Dalida a pris toute la place, trop de place, réduisant d’autant celle de Yolanda. Cette absence de maîtrise crée fatalement un déséquilibre que seule une écoute vigilante et intérieure peut guérir. Yolanda n’avait guère besoin d’histoires spirituelles ou de théories orientalistes. Mais simplement qu’on sache l’écouter et lui répondre. Ce fut sans doute son karma de ne pouvoir être aidée diraient les adeptes du New Age. C’était sans compter sur l’immense besoin du public de la voir exceptionnelle en tout. Et comme souvent le profit rejoint le besoin, Yolanda et Dalida n’ont pas échappé aux courtisans de tous bords qui savent si bien travestir leurs intentions et leurs sentiments pour servir leurs intérêts.

Comme de macabres repères sur son chemin, les suicides de ceux qu’elle aimait l’ont amenée à se séparer définitivement de Yolanda pour ne laisser filtrer qu’une lumière parfaitement identifiable par le plus grand nombre. Les chansons de ses dernières années devenaient autant de pièces d’une demeure qu’elle projetait secrètement de rejoindre le moment venu. Mais paradoxalement, les suicides furent aussi l’occasion pour Dalida d’être encore plus forte, plus battante et peut-être de rester en vie. Sa sensibilité a dû lui faire percevoir plus d’une fois la réalité de “ l’autre côté ” et ainsi activer sa foi, son désir de recherche.


Rencontrer l’âme à travers le talent

 

Ses vrais amis étaient rares et ceux dont elle a interprété les textes étaient et sont toujours de ceux-là. Ses compositeurs ont su lui parler d’elle dans l’essentiel, sans discours inutiles. Leurs talents mis en parole et en musique sont devenus la respiration de Dalida, ils ont fait chanter l’âme de Yolanda. Quelques minutes de bonheur que le public a transformées en éternité. Elle a donc rencontré l’âme de quelques êtres à travers leur talent et ainsi s’est offert un temps pour elle-même – de quoi tenir bon et embellir la vie des autres. Les rencontres d’âmes font partie de cette magie de la vie et c’est leurs fruits que l’on emporte avec soi.


Dalida témoigne de l’au-delà

 

Lorsque j’ai pu recueillir d’elle le témoignage de son passage de l’autre côté, cela m’a permis de saisir d’autres facettes de sa personnalité. En voici quelques extraits qui viennent illustrer mes propos.

“ J’ai quitté la solitude pour me tourner vers la vie, j’ai toujours rêvé d’une vie meilleure, vraie, qui puisse correspondre à ce que j’étais profondément. En fait je voulais rejoindre un rêve. J’ai rejoint ce rêve. J’ai rejoint la vie et je ne regrette rien. ”

La vie dont elle témoigne à travers ces mots c’est la vie spirituelle qu’elle vivait même en étant incarnée ; c’est ce que très peu de gens ont compris. On a parlé de ses passions, de sa période mystique, de ses dépressions. En tout cela Yolanda se cherchait pour être une âme vivante.

“ Je suis maintenant moi-même, dans l’amour que je n’ai jamais su réellement manifester, ou alors avec une telle exagération que cet amour-là faisait peur. ”

Dalida ne pouvait être qu’excessive, car non seulement la femme était capable d’aimer, mais en même temps elle sentait l’amour mystique en elle, celui de son âme. L’Italienne passionnée qu’elle était ne pouvait être qu’un volcan d’amour.

“ J’étais totale, possessive ; maintenant je suis vraie, délicate, simple et c’est cet amour qui me porte, je n’ai pas à l’animer... il est moi. ”

Elle comprend désormais ce qu’elle n’a pas su comprendre en le vivant “ ici-bas ”. Elle nous parle d’idéal et pour le public elle représentait un idéal. Mais elle en espérait un autre sans savoir réellement qu’elle le portait en elle. Je crois que seul le public l’avait parfaitement identifié en elle.

“… et un être jeune vêtu de blanc, auréolé d’une lumière intense s’est approché, m’a souri, m’a tendu les bras, m’a invitée à le suivre. Son sourire m’a réconfortée, car je savais ce que j’avais fait, et lui par son sourire m’accueillait, il ne m’en voulait pas … ”

Elle est accueillie de la manière dont elle aurait toujours aimé les êtres sur terre. Cela montre à quel point elle n’a jamais trouvé autour d’elle ce regard de compréhension, d’amour, simplement pour ce qu’elle était elle. Mais qui nous dit qu’il n’y a pas eu lors d’un spectacle, parmi des milliers de regards, celui qu’elle recherchait ?

“ Je ne peux plus dire maintenant que la vie m’est insupportable, elle est mon bonheur et ma raison d’être. ”

En tant qu’âme “ libérée ”, Yolanda a su trouver son bonheur, c’est-à-dire qu’elle a attendu que sa bonne heure sonne sur terre et c’est maintenant qu’elle relie les deux mots comme les deux identités d’un seul destin.

“ À vous tous qui me regrettez, je dis ceci : Je ne vous ai pas oubliés, je vous aime. Et dans cette force dans laquelle je me trouve, il m’arrive parfois d’être auprès de tous autrement. ”

Elle parle ici d’une force qui lui a manqué sur terre pour ne pas avoir pu la reconnaître.

“ Avant, mes amis, vous veniez jusqu’à moi et maintenant, simplement, c’est moi qui peux venir vers vous et vous ne le savez pas ! Je vous aime et vous remercie. ”

Elle vit désormais ce que les êtres n’ont jamais vu en elle. Elle est vraie et sait partager cet amour avec tout le monde. En ce sens, on peut dire que son destin continue sur terre à travers la passion devenue sage de ses admirateurs, et au ciel au niveau de ses qualités d’âme. Tant qu’elle restera dans le cœur et la pensée des êtres, tant que des émissions lui rendront hommage, elle répondra à tous ces bonheurs que les gens lui offrent spontanément.

Merci Yolanda d’avoir accepté de nous laisser Dalida, par elle tu nous révélas la plus belle part de nous-mêmes que nous ne connaissions pas.

 

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