On a l’habitude de dire « quand on aime on ne compte pas ». Orlando, le frère de Dalida, conserve aujourd’hui soigneusement dans son bureau les disques d’or de sa sœur. Ils sont innombrables et correspondent à des ventes qui n’ont jamais été exactement les mêmes en fonction de l’évolution du marché.
Au début des années 1960, on attendait le trois cent millième exemplaire vendu, voire le millionième pour vous offrir une reproduction simplement dorée de votre disque. Depuis, certains artistes ont ainsi été honorés après la diffusion de cent mille exemplaires seulement. Mais aucun d’entre eux n’a affiché un palmarès équivalent à celui de Dalida.
Ces souvenirs d’une carrière unique dans l’histoire musicale, Orlando les a affectueusement conservés et rassemblés dans une vitrine, derrière le bureau sur lequel il travaille. Parmi eux figurent les principaux trophées et honneurs de la chanteuse, des « Bravos du Music-Hall » à la médaille de la présidence de la République, remise des mains du Général De Gaulle en personne (1968) en passant pas la Croix de Vermeil de commandeur des Arts, Sciences et Lettres.
Pour Dalida on créera en 1956 le premier disque d’or comme on créera en 1964 le premier disque de platine et en 1981 le premier disque de diamant. Dalida a reçu au cours de sa carrière plus de 70 disques d’or. Elle a enregistré en dix langues (français, italien, espagnol, allemand, anglais, japonais, hébreux, égyptien, flamand et libanais) plus de 2000 chansons et vendu plus de 200 millions de disques dans le monde. Elle reste même vingt-et-un ans après sa disparition, l’artiste la plus récompensée du show-business. Et ceci reste justifié :
A l’écouter chanter de sa voix souple et rauque, profonde et harmonieuse, puissante et intime, Dalida arrache les larmes. Elle ne triche pas. Elle y met tout son être. Entière. Dans la légèreté comme dans l’émotion. Chaque chanson est vécue comme une séquence de cinéma. Elle s’immerge dans l’histoire. Se met en scène. Danse les mots.
Chansons réalistes. Twist. Jerk. Disco. Reggae. Dalida aura vu passer tous les styles musicaux. Jamais elle ne s’est perdue. Toujours son style bien affirmé s’est habilement adapté aux modes et aux rythmes. «Mon répertoire est le reflet de ce que je suis. Je ne chante pas des chansons intellectuelles mais des chansons qui viennent du coeur» confiera-t-elle à Paris Jour en 1971. La musique, les paroles, le sujet, tout est toujours en adéquation avec son évolution personnelle et l’époque qu’elle traverse. Chaleureuse et baroque à souhait, Dalida a su se faire aimer d’un public plus intellectuel : philosophes, politiques et hommes de lettres, séduits par la richesse de son répertoire et la qualité de son interprétation. Louis Aragon dira d'elle qu'elle est "la plus grande comédienne de la chanson française"...